mardi 9 novembre 2010

All you gotta do is plug me into high

Que peut-on y faire ?
On se réveille un matin et rien n'est comme on pensait le trouver en s'endormant la veille. Des gens s'en vont et pourtant il faut bien continuer sans eux.
Pas évident.
Accroche-toi mon bonhomme, le futur t'attend.


Et puis, la dame de la machine à vocation m'explique qu'on peut trier les gens en 9 catégories. Qu'il y en a une qu'on appelle "romantique". Elle m'explique que c'est la case des artistes, qu'elle définit comme suit "qui veulent être originaux, pas comme tout le monde" (*). Moi, je ne suis pas "romantique", je suis dans la case "épicurien". Donc l'animation, c'est bien, prof aussi (d'autant plus qu'ayant une forte pondération dans la case "loyal sceptique", j'ai besoin d'un cadre), mais pour écrire, c'est pas la bonne case. Enfin, c'est ce qu'elle pense, parce que, comme elle me l'explique avec fierté : "il est bien fait ce test, n'est ce pas ?". C'est vrai que, à part dans Cosmopolitan, j'en ai rarement passé d'aussi bien, tellement bien, qu'on peut deviner tout seul le résultat. Entendons-nous bien, je m'en fous d'être sacrée "artiste" par une machine à vocation ou par le reste du monde, vraiment. Je savais bien que c'était pas ma case (j'ai déjà fait des tas de tests dans Cosmo et dans des cabinets de RH et de psychologie). C'est juste ce truc bizarre que je ressens toujours dans les entreprises, et plus largement, face à des personnes qui se donnent une position de pouvoir sur vous : cette idée que les gens peuvent se répartir dans les cases d'un tableau Excel. Et une fois que leur case est identifiée, on sait enfin quoi faire d'eux (sic).
Et puis, j'ai entendu cette idée merveilleuse des chefs du pays : si on pouvait identifier les cases des gens dès leur plus jeune âge, on pourrait les "aider", ça serait tellement bien !

Bien pour qui ?


Cependant, amis lecteurs fictifs, pas de panique, on se connaît bien maintenant, n'est ce pas ? Et face à l'adversité, que fait-on dans le blog cool ?
On se détend et on cuisine une bonne potée saucisses-chou rouge, on s'empare d'un livre et d'un clavier, et ce soir, on se rendra en sifflotant à sa première conférence de rédaction.

Parce que, dans le blog cool, il n'y a pas de destin. Il n'y a que ce qu'on fait.


(*) : Définition du Petit Robert (Little Bob is my mate) :
Artiste :
1. Personne qui se voue à l'expression du beau, pratique les beaux arts, l'art.
2. Créateur d'une oeuvre d'art, d'une oeuvre plastique
3. Personne qui interprète une oeuvre musicale ou théâtrale
4. Qui a le sentiment de la beauté, le goût des beaux arts.

Romantique :
1. Touchant comme dans les romans, en parlant d'un lieu, de la nature.
2. Relatif à la littérature inspirée de la chevalerie et du christianisme du Moyen-Age
3. Qui évoque les attitudes et les thèmes chers aux romantiques (sensibilité, exaltation, rêverie, etc...)

Mon analyse (pas pu m'en empêcher...) :
Le fait que dans ce test, ces deux notions, artiste et romantique, soient assimilées à la même case, est tout de même parlant sur la vision de l'art par l'entreprise, le monde du travail, etc... On peut certes débattre des heures sur la question philosophique de ce qu'est l'art, mais ce n'est pas ce qui me perturbe dans leur conception. J'ai eu l'occasion de rencontrer quelques artistes, j'ai rarement vu de doux rêveurs originaux. J'ai majoritairement rencontré des personnes qui se préoccupent de comment on fabrique les choses, pourquoi et qui font preuve d'une énergie et d'une volonté assez exceptionnelle (qui me donnerait plutôt envie de les mettre dans les cases "battant" et "perfectionniste"). Non pas que ma vision soit la vérité. Simplement pour moi, comme pour la dame de la vocation, ou les chefs du pays, il est évident que mettre des gens dans des cases, c'est toujours l'expression d'une idéologie personnelle. Pas d'une vérité.