vendredi 13 décembre 2013

ça sent le sapin

Et Quelquefois j’ai comme une grande idée est un gros livre.


 Et c’est tant mieux parce que je n’ai aucune envie de le terminer. Quand j’étais petite et qu’on nous payait une viennoiserie, je prenais toujours un chausson aux pommes que je dégustais à micro-bouchées pour qu’il dure le plus longtemps possible parce que je savais qu’on ne retournerait pas de sitôt à la boulangerie. Et Quelquefois…, c’est pareil. Je voudrais que le temps suspende le vol des oies parce qu’on est trop bien à se rouler dans ces pages où résonnent les flots ravageurs de la Wakonda-Auga et les vociférations de Henry Stamper, dans ces pages qui s’égarent au gré de l’enfance perdue de Leland (FAIS GAFFE !), dans les forêts humides de l’Oregon et dans les esprits de Jenny l’Indienne, ces pages qui, avec l’indestructible ( ?) force virile de Hank Stamper avancent inexorablement vers… (je ne veux pas le finir !), ces pages qui s’octroient mille détours indispensables dans les sous-bois de chaque personnages, qui décrivent la naissance de cette absurde obsession qu’est l’amour, l’histoire d’une famille de bûcherons qui à l’image d’un pays se déploie avec fracas, déchirements, violences et quelques tendres rires (bisous Joe Ben). Dans ces pages grondent aussi les machines économiques qui, quelques soient leurs promesses, continueront sans cesse à rouler des espoirs fébriles du jeune stagiaire aux frustrations gastriques d’un ponte syndical jusqu’à l’écho des bouteilles sans cesse vides du coupeur de billots (mais de quoi ont-ils tous si peur ?), ces pages qui vous malaxent le cœur sans égards parce qu’elle est belle mais ô combien fratricide la lutte des Stamper pour survivre à la plastification Dupont de Nemours. Je ne sais pas où va ce bouquin, et pour tout vous dire, ça m’est bien égal, je me balade, je m’arrête partout, je m’empiffre de pommes caramélisées, je me soûle au Snag, je chasse l’ours, j’écime des sapins et j’espionne les habitants de Wakonda. Mais j’entends la rivière monter et je sais bien que je n’échapperai pas à la fin.

Kesey, c’est comme Exley, c’est des shoots inoubliables.


 Vous êtes un redoutable dealer littéraire, Monsieur Toussaint Louverture, je vous supplie de ne jamais vous arrêter. J’ose pas imaginer l’émotion à l’issue de la traduction et de l’édition de Et Quelquefois j’ai comme une grande idée parce que c’est un travail énorme, c’est somptueux, c’est une cathédrale. Après ça, vous pouvez mourir tranquille.

Merci infiniment.

samedi 14 septembre 2013

Braquage et suicide (je me lance dans une série de titres glam')(demain : guerre et solitude)

Revenons à la littérature, ça ira tout de suite mieux. Aujourd'hui, ce sera Roberto Arlt, je suis quasiment sûre de vous en avoir déjà parlé mais je n'irai pas vérifier, la vie est trop courte et je ne voudrai pas manquer l'apéro.

Roberto est un type qui était probablement insupportable au quotidien (on retrouve là la marque des grands auteurs)(c'est pourquoi cette année je vais travailler mon côté odieux)(tas d'ordures). Il raconte des histoires d'aliénés, d'humiliés, de grands rêveurs, de flamboyants marginaux, ce qui est toujours un bon moyen de péter l'ambiance régnante. Evidemment, ici au blog, on aime (je dirige un blog)(absolument).

Et puis, surtout, il me donne bonne conscience avant le prochain post qui va probablement me faire perdre tout le peu de considération qu'il me reste en ce bas monde, je vous parlerai d'un académicien gaulliste et je n'aurai plus la moindre crédibilité, je serai la lie des blogs, une sous merde connectée, un rat du réseau, un bubon littéraire, etc., etc.

Mais revenons à notre Roberto, son premier roman "Le jouet enragé" dans la très jolie édition Cent Pages qui m'a donné bien du plaisir, je ne vous le cache pas, cet été, dans les parcs montréalais (où je souhaite me réincarner en écureuil)(ils sont des milliers avec leur gueule d'adorables clochards arrogants)(ça m'a l'air plus cool que coyote)(mais avec l'âge, je perds en courage et en fierté et en sauvagerie, c'est vrai)(je compenserai en devenant aigrie et putassière, c'est promis)(tas d'ordures).

Il raconte des gamins qui veulent devenir des caïds, des super-héros de la pègre et qui finiront par se faire baiser par des patrons qui puent le pipi. Ils vont donc s'enfoncer dans l'humiliation, être torturés par des sursauts d'espoir, giflés par les grands rêves déçus, bref, tout ce que j'aime. En outre, bien sûr, Roberto me fait bidonner car Roberto le sait, il faut rire tant qu'on tombe de peur de s'être écrasé sans avoir ri.

"Alors je rêvais d'être un bandit et d'étrangler des corrégidors libidineux; je redresserais les torts, protégerais les veuves et serais aimé de singulières demoiselles. Pour ces aventures de la prime jeunesse, il me fallait un compagnon, et ce fut Enrique Irzubeta. C'était un vaurien que j'entendis toujours coiffer du sobriquet édifiant de "Falsificateur". Voilà comment s'établit une réputation, et comment le prestige seconde le débutant dans le très louable art de berner le profane. (...) Mais les dieux ont le coeur madré, et je ne suis pas surpris, en rédigeant mes mémoires, d'apprendre qu'Enrique est logé dans un de ces hôtels que l'Etat met à la disposition des audacieux et des coquins". Tout est dit, non ?

Alors, oui, pardon, corrégidor = genre de shérif de l'ancienne Espagne et madré = qui se donne des airs cools mais qui en vrai est une grosse pute (bisous les dieux)(tas d'ordures).

Il fait des portraits édifiants (j'adore ce mot, merci Roberto) en une seule phrase qui provoque des tonnerres d'applaudissement mentaux (chez moi en tout cas...) : "Le lieu de nos retrouvailles était toujours l'arrière-boutique d'un plombier, un gros Cacaseno benêt à figure lunaire, d'âge avancé, à la panse et aux cornes abondantes, car on savait qu'il tolérait avec une patience franciscaine les infidélités de son épouse. Lorsqu'on l'amenait à reconnaître indirectement sa situation, il répliquait avec une mansuétude pascale que son épouse était malade des nerfs, et face à un  argument d'une telle solidité scientifique, seul le silence était de mise."

Et quand ils cambriolent une bibliothèque (oui, oui, une bibliothèque !) : "Jubilant d'étouffer le péril par nos gifles de bravoure, nous aurions aimé l'accompagner avec la clarté d'une fanfare et la joie tapageuse d'un tambourin, réveiller les hommes pour montrer quelle allégresse grandit nos âmes quand nous brisons la loi et entrons en souriant dans le péché." (que voulez-vous ? Rien que de relire ça, je trouve enfin un peu de consolation à l'idée que lundi, il faudra que je retourne à la Défense pour caqueter dans les open space en attendant la fin)(je peux fermer les yeux et dévaliser une bibliothèque quand je veux)(bien sûr que je me plains à nouveau, je ne suis pas un robot à sang bleu, moi ! -bisou, le dernier pub avant la fin du monde-)

Roberto, il m'a aussi appris des mots cools, par exemple des yeux "chassieux", pour dire des yeux qui suintent du blanc dégoûtant dans les coins, cool !

Il y a aussi la description de don Gaetano, c'est deux pages, je ne vais pas vous les recopier (je voudrais pas faire déborder vos yeux chassieux)(tas d'ordures), mais promis, c'est que du bonheur, c'est vraiment un chic type, ce Gaetano, pas du genre à se faire avoir par un marchand de moules.

Et puis, évidemment ça rigole moins, mais ça, ça me laisse bouche bée : "... et cette gigantesque démonstration de pouvoir et de richesse, de marchandises entassées et de bêtes trépignantes suspendues en l'air me saisissait d'angoisse. Et je parvins à l'inévitable conclusion. C'est inutile, je dois me tuer. Je l'avais vaguement prévu. Déjà en d'autres circonstances, la théâtralité des deuils qui accompagnent le catafalque d'un suicidé m'avait séduit par son prestige. J'enviais les cadavres sur lesquels sanglotaient de belles femmes, et à les voir penchées au-dessus des cercueils, ma masculinité se trouvait douloureusement exaltée." (catafalque, c'est l'estrade du cercueil, the death stage en somme).

Sérieux, vous aviez déjà lu un truc pareil ???

(pas d'image aujourd'hui, vous êtes punis)(tas d'ordures)

mercredi 10 juillet 2013

Le génie du viol

Et pour finir sur les causes politiques que j’ai attrapées en Champagne (c’est un peu comme des escarres)(et faut pas m’en vouloir de pas aimer avoir de causes, j’ai rien contre ceux qui en ont, mais ça me va pas)(c’est comme les slim). Pour en finir donc avec les causes qui m’ont pas mal turlupinées, voyons cet autre bouzin concernant les hommes et les femmes : c’est qui qui est le meilleur et c’est qui qui descend les poubelles.
Bon, pareil, le binaire, ça va pas aider. Moi, tout ce que je peux dire, c’est que les garçons devraient arrêter d’avoir si peur de la sodomie (franchement ça fait pas si mal que ça) et que les filles, elles devraient mettre plus de gnons dans les films (franchement c’est cool).
J’adore me faire passer pour une bisexuelle défoncée aux stéroïdes. C’est rassurant pour ma famille et puis je me fais plein de nouveaux amis.


Non mais en vrai, je vais pas faire de gender studies aujourd’hui. J’ai matériellement pas le temps.

Je voulais juste m’adresser aux violeurs.
(Vous êtes une cible marketing sous estimée)(et j’ai besoin d’augmenter le nombre de mes lecteurs)(1 femme sur 5 dans le monde subit au moins un viol ou tentative de viol dans sa vie)(vous avez forcément dû vous y mettre à plusieurs pour obtenir un score pareil)(et d’après mes calculs, même en admettant que certains d’entre vous soient particulièrement productifs, vous êtes tout de même drôlement plus nombreux que mes amis)


Violeurs, ne vous inquiétez pas : bien que n’ayant jamais violé moi-même (je n’ai sans doute pas su créer les occasions), j’ai une grande facilité à parler de ce que je ne connais pas.
En fait, j’ai entendu l’un des vôtres récemment et c’était très instructif car il expliquait à sa victime : « ça n’aurait pas dû te détruire comme ça, tu comprends ? C’est ma violence, ça ne t’appartient pas ».

Et j’ai réalisé un truc :

Violeurs, vous êtes formidables.


Même Poutine, il a pas essayé et pourtant, y’a des fois où ça aurait été rudement pratique pour lui de ne pas être le problème des autres. Franchement, violeurs, on devrait vous écouter plus souvent. Personnellement, je ne le regrette vraiment pas : je pense que vous avez le potentiel pour résoudre une bonne part des problèmes de l’humanité (dans la mesure où ça n’est pas leur problème si je vous ai bien suivi)


C’est vrai : moi, depuis que je sais que ce n’est plus le problème des autres, je m’en fais plus.
(je viens de pisser sur le clavier de ma collègue)(je lui ai expliqué que ça ne lui appartenait pas)

samedi 6 juillet 2013

Bollywood Springbreaker

J’ai remarqué en relisant quelques post (je me relis de temps en temps, ça m’aide à rester humble) que quand j’étais en Champagne, j’avais des velléités politiques, j’ai même failli défendre des causes. On notera à ma décharge que l’isolement et la campagne présidentielle constituent des circonstances atténuantes. Quand je ne vois personne, j’ai envie de changer le monde alors que quand je vois du monde, je n’ai plus envie de changer personne (c’est un point sur lequel on a toujours différé, Mouammar et moi).

Néanmoins, quelque chose me turlupine. 

Y’a quelque chose qui me turlupine, j’suis pas Monroe c’est pas James Dean, C’est vrai qu'c’est pas vraiment un choix, Mouammar Khadaf’et moi »)(Delerm, sors de mon corps, veux-tu ?)



Je disais donc : quelque chose me turlupine.

Quand on parle politique, c'est compliqué, on a toujours l'impression qu'il faut choisir son parti avant d'avoir réfléchi. C'est embêtant parce que ça parle beaucoup de comment vivre avec les autres, qui ont l'impudence de pas être pareils, et on a souvent l'impression qu'il faut être soit pour soit contre (comme si on avait le choix). Avec une telle alternative, c’est difficile de ne pas se sentir un peu con quoi qu’on en dise (la connerie, c’est un genre d’impasse dans laquelle il faut boire beaucoup de vin blanc pour avoir une excuse valable pour pas en sortir). Ce binarisme, c’est la mort de la conversation et la mort de la conversation, c’est l’extinction du bidonnage et l’extinction du bidonnage, c’est l’heure d’aller se coucher.

Cette semaine, j’ai pas mal causé de tout ça avec Henri Michaux qui me racontait ses vacances en Inde. ça m'a rappelé mon année en Chine où des fois j'y comprenais rien et où des fois ils m'énervaient tous, là, à être pas pareils et à faire caca la porte ouverte. Henri, il a pas mal réfléchi à tout ça. Bon, moi, je lui ai pas caché ma fascination pour le peuple indien : cette capacité à s’auto-recycler en permanence, c’est vachement puissant. Ils meurent, on les brûle, on les jette dans le Gange et paf, ils se réincarnent. Je suis sûre qu’ils s’auto-recyclent tellement qu’ils font jamais caca (eux). En deux heures de méditation, ils arrivent à transformer leur Tandoori directement en poils de barbe (oui j’ai le mojo un peu scato ces derniers temps)(mais Mao aussi l’était)
(c’est vraiment une cool excuse : « Trevor, arrête tu veux, tu es ridicule, et vulgaire en plus. – C’est bon, lâche-moi, Mao aussi l’était. » / « Mouammar, arrête de nier. Je le sais : tu étais chez la voisine cet après-midi. – Mao aussi y était. »)
Henri n’a pas relevé mon propos (mais j’ai l’habitude : il parle, il parle, il parle mais il écoute jamais rien)(ça va qu’il me fait bidonner) :

Alors déjà, faut savoir que si t'es une veuve ou un chien, t'évites l'Inde : ça se passera forcément pas bien.

Ensuite, il commente le style épique du Mahabarata (c'est un grand poème de mythologie hindoue, un genre de L'Iliade et L'Odyssée)(oui, il s'est pas contenté de goûter leur cuisine) :
"Le ton épique d'ailleurs, comme le ton érotique,a quelque chose de naturellement faux, artificiel et volontaire, et semble fait pour la ligne droite.
Quand vous avez comparé un soldat courageux à un tigre au milieu des lapins, et à un troupeau d'éléphants devant un jeune bambou, et à un ouragan emportant des vaisseaux, vous pouvez encore continuer dix heures de la sorte avant que vous nous fassiez lever la tête de nouveau. On a tout de suite atteint le sommet et on continue en ligne droite.
De même pour les ouvrages érotiques, après deux ou trois viols, quelques flagellations et actes contre nature, on ne s'étonne plus, on continue à lire en somnolant.
C'est que l'on n'est naturellement ni épique ni érotique."

Là, c'est sur le binarisme, j'ai kiffé :
"L'Occidental sent, comprend, divise spontanément par deux, moins souvent par trois, et subsidiairement par quatre. L'Hindou plutôt par cinq ou six, ou dix ou douze, ou trente-deux ou même soixante-quatre. Il est extrêmement abondant. Jamais il n'envisage une situation ou un sujet en trois ou quatre subdivisions." Et il précise "inutile de dire que notre division par 2 ou 3 ne correspond pas davantage à une réalité". On n'est pas soit chaud, soit froid. Mais on ne peut pas s'empêcher de commencer à penser comme ça. "L'Indien voit d'avance tout. Et quand il ne possède pas les 34 éléments pour diviser une question, il inventera les 10 ou 15 qui lui manquent. Comme un Européen qui ne sachant rien d'une affaire, commence tout de même par la diviser par 3."
J'ai adoré ce passage parce que depuis, quand on me pose une question, ou qu'on me demande mon avis, j'essaye de ne plus être binaire. "ça va ? - Au réveil : comme la rosée sur le point de s'évaporer, sous la douche : comme un hipocampe, j'ai bu un café comme un oeuf dans un calzone, j'ai fait caca comme un fou comme un roi, puis je sorti pour affronter le tsunami de la vie. Et toi ?"

Ensuite, il donne un exemple de réfléxion à l'indienne qui m'a bien fait bidonner à cause de la conclusion :
"(...) Du contact vient la sensation. De la sensation vient la soif. De la soif vient l'attachement. De l'attachement vient l'existence. De l'existence vient la naissance. De la naissance viennent la vieillesse, la mort, le chagrin, les lamentations, la souffrance, l'abattement, le désespoir." (perso, je suis en train de passer du stade 2 ou stade 3, mais j'ai du mal parce que la soif, c'est cool)('façon, je prends mon temps, je suis pas spécialement pressée d'arriver au bout)


Ah ! L'éléphant, j'avais commencé à vous en parler : visiblement, Henri Michaux a été très très déçu par l'éléphant : "Naturellement, un éléphant on ne peut jamais s'y fier. Un pétard le met en fuite. Il est calme. Mais il n'a aucun sang-froid. Au fond, c'est un fébrile. Quand ça ne va plus, il s'affole et alors, il faut au moins un immeuble pour le retenir. Même quand il est simplement en rut, il s'affole. (...). De plus, vindicatif comme un faible. Il vaut mieux ne pas parler de son regard. Tout homme qui aime les animaux est déçu par son regard. " (si c'est pas l'insulte qui tue, ça)(du coup, j'ai pas osé dire à Henri que je me sentais quand même assez proche de son éléphant...)

Après il se fout de la gueule des armées indiennes et il dit : "Il ne faut pas nier la valeur de la magie. Néanmoins, elle donne des résultats insuffisants."


Dans le top 5 des notes de bas de page les plus cools du monde : "Le sperme met l'Hindou dans un état de jubilation mystique. Il en voit ses déesses couvertes." ça m'a rappelé que c'est dans une note de bas de page que j'ai appris que catin et catholique avait la même éthymologie. J'en conclue que c'est dans les notes de bas de page que sexe et religion se réconcilient (la note de bas de page est-elle la back-room de la littérature ?).

Et en parlant de religion, les Indiens aussi (aussi parce que y'a le vaudou, souvenez-vous) ils ont plein de dieux qui font n'importe quoi, plutôt qu'un seul qui est tellement parfait qu'il fait jamais rien. Je suis sûre que ça aide à pouvoir envisager la complexité de la vie sans faire d'AVC. Il raconte notamment une cool histoire de coucherie où Shiva, il se fait surprendre par 2 autres dieux en train de ramoner quelqu'un qu'il devrait pas. Mais il s'en bats les couille, il continue jusqu'au bout et après, il se lève, il se touche le zgueg (ou "sa nature" selon l'époque) en disant "celui qui l'adorera, c'est moi qu'il adorera".

 C'est vraiment une cool religion.

Après, il parle des castes, mais vous avez qu'à le lire. Après il parle aussi des prescriptions, que les Indiens, ils kiffent qu'on leur prescrive des milliards de trucs (y'a qu'à voir le Kama Sutra). Et là, il est un peu déçu, Henri et on le comprend. Il espérait qu'on allait lui donner tout un tas de prescriptions qui allaient enfin résoudre tous ces problèmes. Et tout ce qu'on lui a dit c'est de pisser en ne respirant qu'avec la narine gauche et de se mettre l'auriculaire dans l'oreille après le coucher du soleil. Pô évident.

Après, il démonte un type qu'il a rencontré et là encore, on se dit qu'il vaut mieux être dans ses petits papiers, le Michaux, parce que quand il te démonte, il a trop pas de pitié : "Il était au dessus de la misère humaine, inacessible plus qu'indifférent, avec une bonté presqu'invisible, et aussi peut-être un air légèrement peiné comme ces personnes atteintes de gigantisme, ou qui possèdent plus de talent que de personnalité."

Après (je vous ai dis qu'il était über-bavard) il se fout de la gueule des religieux qui lèvent les bras au ciel mais jamais les uns vers les autres et il enchaîne : "Tout le monde connaît ces poètes qui vous entassent pendant des années, des milliers de vers qui ont tous la larme à l'oeil. Bon, mais essayez de leur emprunter cent sous, essayez pour voir. La "faculté poétique" et la "faculté religieuse" se ressemble plus qu'on ne le pense.



(La littérature, c'est sans pitié que je la préfère).

Et sur Gandhi qui a dit à un moment que les Anglais pouvaient rester à condition qu'ils arrêtent de tuer des boeufs : "Moi, cela m'a ému extrêmement. Pour penser que des Anglais pourraient se priver de beef au profit d'un étranger, il faut vraiment être un homme qui croit à l'esprit de conciliation."

Mesdames et messieurs, c'était "Un Barbare en Asie" de Henri Michaux.
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mardi 2 juillet 2013

"Life doesn't imitate art, it imitates bad television." —Woody Allen

Etre acteur de sa propre vie, c’est un truc qui a l’air de bien sonner mais qui n’a pas la moindre espèce de sens si on y réfléchit deux minutes (c’est comme de dire qu’on est exigeant avec les autres parce qu’on l’est avec soi-même, comme me le faisait remarquer Gazoline : si on était exigeant avec soi-même, on n’aurait pas besoin de l’être avec les autres, c’est juste une excuse pas valable pour emmerder le monde), donc être acteur de sa propre vie, pareil, ça n’a pas la moindre espèce de sens. Parce qu’on n’a pas le scénario avant, qu’on ne répète rien, et qu’on ne peut pas mettre les trucs moches hors champ, etc.


Bilan : c’est de l’improvisation permanente, pire même, parce qu’on ne connaît pas le thème qui a été pioché (mais si vous savez, les matchs d'impro : ils piochent un thème, une contrainte et ils ont une minute pour décider quoi faire avec leurs coéquipiers)(par ex, thème : 2001, l’odyssée de l’espace/contrainte : moustache)(c’est déjà pas évident alors quand t’es pas prévenu…). Dans la vie, on n’a pas non plus le temps de consulter les autres pour savoir quel personnage ils vont jouer et qui va commencer par faire quoi.
Quand t'arrives à une soirée où tu connais personne, tu commences pas à répartir les rôles (c'est dommage, je vous l'accorde)(Toi : tu me parles pas. Toi : tu rigoles à toutes mes blagues. Toi : tu cherches à m'embrasser toute la soirée, je te dis pas encore ce que je vais faire. Toi, tu t'occupes du barbecue. Etc...)(Finalement, je les comprends un peu, les Mouamar, Kim Jong Il et tous ces gens, c'est sûrement des types très angoissés par l'inconnu)(quand je vous disais que j'avais le mojo stalinien).
 
Mais si t'es pas dictateur, la vie, ça consiste un peu à être poussé sur scène tous les matins (alors que t’as rien demandé), tout le monde te regarde, tu sais pas ce qu’il va se passer, y'a un grand silence... et d'un coup, tout le monde se marre. Ou se lève et se barre en courant. Et toi, tu fais quoi ? Tu vas quand même pas descendre de scène (t'es pas un pédé)(tu peux boire du vin par contre).

Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que, dans la vie, on rate 95% des scènes qu’on joue (pour les plus doués d’entre nous)
(Vous aussi, vous vous les repassez en imaginant comment vous les rejoueriez tellement mieux ?)
(rires sardoniques)
(ça n’arrivera pas).

Achievement is a myth. Life is just about trying.
Bonne journée.

samedi 29 juin 2013

Bieber Dood

Est-ce qu'on vous a appelé aujourd'hui pour vous dire qu'on vous adule ? Parce que moi, oui.


Have a hangover


vendredi 28 juin 2013

Ha ha ha (stayin'alive)

Alors, évidemment, on pourrait être immortel et ça résoudrait pas mal de problème.
 
Bien sûr, il y a ceux qui vont expliquer que, mais non, c’est trop cool de mourir, qu'il faut absolument mourir comme ça on profite à fond, on fait plein de trucs, alors que si on mourrait pas, on passerait son temps à tout reporter au lendemain et on ferait jamais rien.
Oui, et ?
Je ne vois pas où est le problème. Pour la plupart d’entre nous, ça serait pareil que la vie de mortel sauf qu’en plus, on ne se sentirait plus coupable. Et comme plus personne ne foutrait rien, on n’aurait même pas honte. On n’aurait plus à calculer combien Mick Jagger gagnait à l’âge qu’on a, ou comment Napoléon avait déjà changé la face du monde et le cours de l’histoire à l’âge où on cherchait encore où on allait bien pouvoir se bourrer la gueule samedi soir.
Quand on y pense, ça serait vraiment cool que ça arrive juste maintenant l’immortalité.
Pas avant, parce qu’il aurait fallu que je lave des couches pleine de caca d’enfants jusqu’à… pour toujours. Maintenant qu’on sait comment pas faire d’enfant et qu’on a des machines à laver (même immortel, on n’est pas à l’abri d’une fuite), ça serait vraiment cool.
 En plus, on en aurait rien à foute. Je veux dire : on pourrait se payer tout ce qu’on veut, on s’en foutrait, on ferait des prêts sur 3millions800milles ans : Tu rembourses combien ? 1 euro par mois. A quel taux ? Ranafoute. Et t’as pris une assurance ? Hahaha (blague d’immortels).
Façon, j’ai remarqué, ceux qui sont contre l’immortalité, c’est les mêmes rabat-joies qui veulent absolument te faire arrêter de fumer, de boire et d’une manière générale, t’empêcher de te comporter comme un gosse irresponsable, alors que être irresponsable, c'est juste trop cool, tout le monde adore ça. Et si pas, c'est-à-dire s’ils tiennent tant à ce que la vie s’arrête, c’est évidemment parce qu’ils ne l’aiment pas.
Or, on ne peut décemment pas prendre en compte l’avis des suicidaires sur ce sujet, si ? (non.)
Il faudra sans doute prévoir des camps spéciaux pour eux où on les obligerait à rester allongé sous terre sans bouger, ça leur plaira sûrement.
(c'est bizarre, hein ? En ce moment, j'ai le mojo très stalinien...)
 
Nan, mais vraiment, si on meurt pas, ça résout plein de soucis :
-         - Y’aurait plus de maladie (ou on s’en foutrait) : du coup tout le pognon de la recherche, on le mettrait dans la recherche contre la gueule de bois, et hop, un souci en moins, ou des trucs rigolos comme pouvoir changer de couleur de cheveux juste comme ça instantanément, juste pour voir quelle tête ça te fait, ou tout un tas de trucs cools, on ferait un genre d'institut de la recherche irresponsable en somme.                                                                                                                                            Oui, parce que la mort, c’est un sacré budget au fond, ça nous coûte la peau du cul pour rien si on calcule bien. Arrêter de mourir, si ça se trouve, ça relancerait l’économie mondiale (ouéééééééééé),
-          Et puis sans la mort, y’aurait plus de guerre (je vois pas bien l’intérêt de faire la guerre si on peut tuer personne)(le risque, ça serait qu'il fasse des autres genres de guerre, par exemple, ça serait des guerres avec que des viols, t’imagines… Des armées de violeurs sur-entraînés qui se jetteraient les uns sur les autres... Y’aurait des armes de dépucelage massif, des pilonnages de godemichés à tête chercheuse… Bon. Ça pouvait pas être complètement parfait. J'ai dis qu'on serait immortels, j'ai pas dit qu'on serait des Jésus)
      Après, j'ai réfléchi et j'ai réalisé que ça serait quand même emmerdant pour certaines personnes. Par exemple pour les grévistes de la faim : y’a Trevor qui veut plus rien avaler, il dit qu’il veut qu’on lui change ses draps. - Ah ouais ?... Et c’est tout. On pourrait pas en faire un film genre Hunger par exemple. Ca emmerderait aussi pas mal les terroristes je pense (imagine, le type plein de bombes au Times Square qui se met à gueuler qu’il va se faire exploser si on libère pas la Palestine, et là tout le monde se met à hurler et quelqu’un lance le dernier Daft Punk à fond, on ramène les fûts et les machines à cocktail et c’est parti !)(T’étais au dernier attentat ? Pffff… T’as raté un truc, mec, j’te jure, c’était chôôôô, il paraît que le prochain, c'est à Berlin, faut trop pas le rater).
 
C’est sûr que l’immortalité n'encourage pas la révolution. Mais bon, qu’est ce qu’on s’en fout des dictateurs si on peut plus mourir, hein ? (Vote pour moi ou je te tape.)(Sérieux, Mouamar ?). Non, la politique, ça deviendrait vraiment cool, parce que l’immortalité, ça inverserait le rapport de force (Wowowo, Mouamar, tempère. Ecoute : moi et mes potes, on vote pour toi si tu nous montres ton cul. Allez Mouam' ! Vas-y ! C’est bon, tu vas pas en mourir, t’en fous, pis si ça se trouve, dans 2000 ans on s’en souviendra même plus)
Un autre truc cool : on n’aurait même plus besoin de trier ses déchets, ou de faire du covoiturage, ou tous ces trucs durables : ranafoute la planète ! Elle peut bien exploser, la planète, nous on s’en battrait les couilles : s'en fout, on meurt pas (ouééééééééé !)
 
Si la planète, elle explosait, on serait projeté dans l’espace pour toujours, on serait des milliards à flotter comme ça dans l’espace… Pom… Pom… Pom… Tiens et si je changeais de couleur de cheveux, hop !... Pom… Pom… Pom… Hey ! Hey ! Hey man, ça va ou quoi ? Hey ! T’aurais pas l’heure ? Hahaha (blague d'immortels)

mercredi 26 juin 2013

Genital outlaws in a positive way (*)

(*) dans No Legs d’Adam Green

Je me sens très proche de l’éléphant indien dans un Barbare en Asie, d’Henri Michaux (ce sera la seule note culturelle de ce post)(Edgar Poe, ce sera pour une autre fois) : un rien m’affole. Même être en rut m’affole. Dès que j’ai envie, je panique, je me mets à courir dans tous les sens avec l’œil révulsé. C’est pas glorieux mais quand même j’aime bien. C’est vrai, j’aime bien quand le type fait le gorille, et que je me bidonne de peur en battant des mains. Si seulement je n’avais pas si peur à chaque fois que ça soit la dernière fois, ce serait tellement moins grave.
Je me demande toujours quelles sont les règles de ce jeu, quand on se tourne autour en se reniflant le cul. C’est un peu parano mais j’ai l’impression qu’il y en a, sauf que c’est chacun les siennes et personne ne doit JAMAIS demander à l’autre quelles sont ses règles. Sinon ça stop net le jeu. Du coup, t’abats tes cartes mais tu sais jamais à quoi on joue, tu sais pas quand la partie commence vraiment ni quand elle est finie, ni combien t’as fait de points :
-          As de pique !
-          Tu rejoues alors.
-          Ah ? je pioche.
-          Mmmm… Pourquoi pas… Mmmm… Et de 10.
-          Je casse à 7, en carreau et je ramasse !
-          Brelan !
-          Mais tu peux pas en fait. Pas quand c'est atout rouge. Bon, allez, je file.


Et il y a cette histoire de coucher ou pas le premier soir, je suis confuse. Je ne comprends pas pourquoi mais ça a l’air d’être un truc sûr et certain qu’il faut pas le faire (tout le monde a l’air d’accord là-dessus, tout le monde peut quand même pas se planter). Du coup, je me dis toujours que cette fois, promis, juré, je le ferai pas. Mais j’y arrive pas. J’oublie toujours pourquoi faut pas le faire. Paraît qu’il y a plein de types qui t’aiment plus après, si jamais tu dis oui tout de suite. C'est-à-dire qu’ils te proposent de jouer mais que si tu veux jouer, il faut dire que tu veux pas jouer et alors ils auront VRAIMENT envie de jouer, c’est ça ? Ou sinon, y'en a aussi qui disent que c'est pour entretenir la magie. Et là, je sais pas bien de quoi on parle parce que je trouve pas ça magique de faire comme si on pensait pas qu'à ça. C'est beaucoup plus magique de le faire. Moi, je cède parce que j’ai toujours peur qu’on oublie d’en reparler après. J’veux pas dire non. Pas tout de suite.

Façon, j'm'en fous, je fais du déni.

Je vais me faire peur autrement. Je vais louer une voiture et me lancer à toute blinde sur les routes du Grand Nord canadien. Je vais camper avec les baleines, toute seule dans la toundra. Faudra que je fasse gaffe aux Inuits imbibés de vapeur de colle (pas le premier soir, Dumbo, pas le premier soir...). Il paraît qu’ils conduisent comme des tarés là-bas, c’est vraiment cool : je vais pouvoir tracer avec l’autoradio à fond. Je vais me faire une playlist de grizzli (promis, je vais bientôt arrêter Jimmy Sommerville) et j’hurlerai sans lâcher le volant. Après quoi je m’endormirai dans les îles Mingan en écoutant le bruit que font les baleines qui pètent dans les vagues (tu vois ou pas ?)




There's no wrong way to fuck a girl with no legs, just tell her you love her when she's crawlin'away. There's no wrong way to fuck a bitch with no faith, now you'll never be sad again

dimanche 23 juin 2013

It is best to meet in a cul-de-sac (*)

(*) C'est dans "Gigolo" de Sylvia Plath

Je crois que le fait d'avoir été capable d'oublier ma valise (avec mon ordi dedans...) sur le parking de l'aéroport Roissy Charles De Gaulle (si un jour tu as l'occasion de vivre ma vie, ne fais pas comme moi, concentre-toi) alors que bien sûr, je n'avais jamais fait de sauvegarde de disque dur, me pousse à reprendre ce blog pour y noter tout ce que je risque de perdre ou d'oublier. Internet, je compte sur toi, be myself.

Je vais un peu revenir sur cette histoire d'amphibie qui est fortement liée au Mississipi. Je ne sais toujours pas quoi en faire, qu'est ce que ça signifie mais je creuse, je creuse... Quelle est la question qui se pose derrière tout ça : Huckleberry Finn est-il un animal amphibie ? La vie est-elle un long fleuve qui déborde ? Faut-il que je passe mon permis airboat et qu'on s'organise des virées avec mon buddy Marshall (Randy Junior, emmène les saucisses) ?

Et puis il y a eu Mud et les Bêtes du Sud Sauvage, et c'est rigolo parce qu'on m'en a parlé hier et qu'on m'en a reparlé avant hier (je me souviens comme je lis un blog, je remonte dans le temps). Bref, y'a un truc qui m'obsède mais je ne sais pas quoi.



Cependant, il y a cette question si justement posée par la libraire jouée par Parker Posey dans la saison 3 de Louie : Si je rêve d'y aller, faut-il que j'y aille ? Ou faut-il continuer d'en rêver ? Bon. Vu que cette année, c'est les baleines dans le Saint Laurent, j'ai encore un an pour décider.


Et de Parker Posey, hop, logique, je passe à Hal Hartley parce que j'aimerai tellement revoir The Unbelievable Truth, parce que ce film a trouvé la blue note de mon petit cœur, j'ai tout le temps envie de le revoir (offrez moi le DVD, vous irez au paradis) :


dimanche 16 juin 2013

I heard that some tiny penis(-ia) want to fuck you in the nose.

Je viens de relire mon précédent post (qui date du 6 mars)(je crois que c'est bon, ce coup ci, j'ai découragé tous mes lecteurs fictifs potentiels) qui arbore un style sacrément cahotique. J'aimerai pas être dans ma tête dans ces moments-là. Dieu merci, ça m'arrive rarement.

Je pense avoir mûri depuis le mois de mars : j'ai changé, je sens deep inside que je suis capable de tenir des propos qui pourront faire une différence, qui pourront changer le monde (I feel so American !)(<= Note pour plus tard : Spring Break Hystérie). En effet, j'ai enfin arrêté de ne lire que des livres qui parlent de boxeurs, tous ces types qui cassent des nez compulsivement (Putain ! Regarde ! Un nez ! Je vais te le défoncer sa race à ce putain de nez ! JE HAIS LES NEZ ! Je vais probablement organiser un vaste génocide de nez.)(néanmoins je recommande Pour être un homme de Craig Davidson et Le Ring Invisible de Alban Lefranc) et je reviens à des considérations plus classiquement  littéraires avec Henry James et André Gide (en même temps est-ce qu'il vaut mieux se confier à 2 vieux sodomites plutôt qu'à un tas de brutes trépanées ?)(parfois la liberté de choisir n'est pas d'un grand secours).

Je m'attarderai aujourd'hui sur le cas de Dédé qui est bien plus drôle qu'il n'en a l'air (contrairement à Henry qui est aussi drôle qu'il en a l'air). Nous ne nous étalerons pas sur le fait que ce garçon maîtrise admirablement la langue française, tellement qu'il peut se permettre de faire des phrases à l'envers sans que ça choque outre mesure. C'est une chose entendue : Gide, ça sonne bien. Maintenant que ça s'est dit, on va pouvoir se dire les autres choses franchement :
Ce type est sénile.
Sympa, intéressant, loin d'être con, mais sénile.
Enfin, imaginez : je suis là sous la couette, peinarde, c'est samedi matin, j'ai un week-end entier devant moi, il fait beau (si.)(on est en juin : il fait beau. C'est comme ça, ça a toujours été comme ça et je ne vois aucune raison pour que ça change.)(il faudra que je vous parle du Déni, un truc vraiment pratique, sur une idée originale de Gazoline). Donc bref, on voit le tableau : d'une main dolente je tiens ma tasse de café, de l'autre un exemplaire des Nourritures Terrestres de Dédé. Je me laisse transporter par la beauté de la langue et le lyrisme d'une pensée vive et alerte comme le ruisseau alpin quand soudain... Dédé se met à hurler de but en blanc :

"NOURRITURES !"

... ?

 "NOURRITURES !"

Exactement comme ma grand-mère qui est en train de raconter une charmante anecdote sur sa jeunesse dans une campagne début de siècle et qui soudain s'interrompt en plein milieu de sa phrase pour éructer en recrachant son pain : "Mais c'est trop dur ! Comment est-ce qu'ils veulent que je bouffe ça ! Non mais, regarde moi ces grosses dondons à la cuisine pas foutues de bouger leur putain de gros cul pour nous ramener du pain frais, elles doivent se le faire livrer directement dans le cul tous les matins, ces grosses putes! Quand on n'a pas de cervelle à remplir, on se fourre l'anus avec mon déjeûner, c'est ça ?!?!!" (ce n'est pas exactement le propos original, je n'avais pas l'opportunité de prendre des notes au moment des faits, mais aucun doute que c'était l'idée).
Et ce parallèle m'amène naturellement à la conclusion que Dédé est sénile. Et alors ? ça ne l'empêche pas d'avoir des trucs excessivement cools à dire (ma grand-mère non plus) mais c'est comme ça, avec l'âge, on devient sénile, ni Dédé ni vous n'y échapperont (le fait que Dédé ait pu avoir 27 ans au moment de l'écriture de son livre venant réduire à néant toute ma démonstration, ce fait ne sera pas retenu)(et c'est probablement mieux ainsi car un type qui s'écrie à tout bout de champ "Nourritures !" est soit sénile soit souffrant d'un syndrome de Tourette académique).
Bon, pas de quoi en faire un drame comme je vous le disais, la sénilité, c'est plutôt cool, c'est comme l'innocente fraîcheur de l'enfance : on se fout de tout à part de la bouffe. Mais quand il s'agit de bouffe, alors, là, attention, ça rigole plus du tout, on est capable de s'étrangler de rage s'il n'y a pas de purée au menu. Cette forme d'engagement total est très belle, je trouve. On sent qu'ils seraient prêt à mourir (ou plus précisément à tuer) pour obtenir gain de cause dans leur assiette. Ne rigolez pas : pour la plupart d'entre nous, c'est probablement la seule cause qu'on servira avec autant de constance et d'intégrité.

Un autre argument qui me fait penser que André Gide est sénile, c'est cette lubie de m'appeler systématiquement Nathanaël, alors que je m'appelle Anne-Laure. J'ai beau lui répéter, pas moyen qu'il se souvienne de mon prénom. Il me semble pourtant qu'on est assez proche : je vous rappelle qu'on prend le petit déjeuner ensemble sous la couette le samedi. Bon. C'est sans doute comme ça quand on fréquente des vieux. Autant m'y faire, ça m'arrivera tôt ou tard.

Mais à part ces moments bizarres où il réclame du rab de paupiettes comme si sa vie en dépendait, il dit des trucs très cools (et je n'en suis qu'au Livre Troisième)(oui, il est un peu précieux comme ça, Dédé)(comme si moi je disais que j'en étais à mon post CentVingtHuitième):

"J'ai peur que tout désir, toute énergie que je n'aurais pas satisfaits durant ma vie, pour leur survie ne me tourmentent. J'espère, après avoir exprimé sur cette terre tout ce qui attendait en moi, satisfait, mourir complètement désespéré."

"NOURRITURES !"

(désolée, ça me fait trop bidonner)

"Je n'aime point ceux qui se font un mérite d'avoir péniblement œuvré. Car si c'était pénible, ils auraient mieux fait de faire autre chose. La joie que l'on y trouve est signe de l'appropriation du travail et la sincérité de mon plaisir, Nathanaël (Anne-Laure. ....  Non, rien, c'est pas grave, continue Dédé, la sincérité de ton plaisir ?) m'est le plus important des guides."

"Nathanaël, n'apprête aucune de tes joies." (= ne fais pas ta mijaurée)

"Il y a des maladies extravagantes.
Qui consistent à vouloir ce que l'on n'a pas."

(visiblement cet aphorisme s'applique à tout sauf au rab de paupiettes)

"Malheur à toi si tu dis que ton bonheur est mort parce que tu n'avais pas rêvé pareil à cela ton bonheur - et que tu ne l'admets que conforme à tes principes et à tes vœux.
Le rêve de demain est une joie mais la joie de demain en est une autre, et rien heureusement ne ressemble au rêve qu'on s'en était fait; car c'est différemment que vaut chaque chose."

"Ce n'est pas pour nous, c'est pour elle que chaque chose est importante."

mercredi 6 mars 2013

A lamentable superabundance of dwarfs

Ce mois-ci, comme j’ai récupéré une vie (prof c’est pas vraiment une vie, c’est plutôt celle des autres)(je suis bien trop égoïste pour ça)(par conséquent je me donne tort sur pas mal de trucs que j’ai pu dire et écrire jusqu’à présent et j’en suis plutôt contente car on n’a jamais autant raison que quand on a tort, j’ai donc bon espoir de me contredire à nouveau dans quelques mois), je me suis à nouveau passionnée pour des tas de sujets abscons (mais il faut que je trouve le temps de les creuser, je travaille à nouveau dans des grandes tours vitrées avec des tas d’autres gens autour avec qui je fais des concours de clic-clic, je ne connais finalement pas d’autre moyen de gagner ma vie et je ne m’emmerderai plus jamais à en chercher).
A titre d’exemple, grâce au visionnage de Tabou et à la lecture de Swamplandia, trop cools les deux, j’ai eu un violent coup de cœur pour les alligators du parc des Everglades (qui n’ont rien à voir avec Tabou, je sais, mais ça a à voir avec la Nouvelle-Orléans et Treme, qui est pas très loin, et avec les plages de Caroline du Nord et du Sud aussi je crois, où le pirate Barbe Noire, ou bleue, ou rouge, je ne sais plus, à fait couler son bateau avec un trésor dedans). J’ai appris que les alligators ont un sang qui démolit quasiment tous les virus, sida included (Surviving Kings !), et la survie reptilienne, je kiffe. Le fait qu’ils aient développé ça parce que ils sont bêtes et méchants (ils se battent entre eux comme des abrutis, ils saignent et ensuite ils partent chasser dans des marigots infestés : ils seraient tous morts sans leurs supers globules). Avec l’aide de bons amis, j’ai ainsi découvert qu’en réalité, c’était l’ensemble des animaux amphibie (biens ?) qui m’émoustillent (pingouins, loutres, alligators, et très certainement dans un avenir proche, tortues). Et pourquoi donc ? Je ne sais.
Il me faut donc travailler sur la Théorie de l’Amphibie. Dans l’immédiat, je ne sais pas encore ce que je vais bien pouvoir démontrer. Mais je garde ça dans un coin de ma tête. J’ai lu des trucs sur les amphibiens, mais c’est assez rasoir, par contre y’a des images vraiment très cools (et je vous épargne les gros vers aquatiques en forme de bites).
Je sais pas si ça se fait dans les labo de recherche de commencer une étude sans hypothèse de départ. Juste l’envie de dire un truc cool sur l’amphibie…
Autre sujet moins abscons, parce que y’a déjà plein de trucs cools sempiternellement écrits sur le sujet, c’est la boxe (always about surviving tips…). Je me suis faite Joyce Carol Oates et Jake LaMotta déjà sur le sujet (ouais, je me donne à fond dans mes recherches). Et une merveilleuse nouvelle de Tennessee Williams qui plus ça va, plus ça devient mon pote. Et j’ai trop envie d’appeler David Simon (The Wire et Treme, qui me rendent hystériques)(j’ai quand même fini Treme en dansant et en buvant du vin et en mangeant des huîtres avec Pa’)(Pa’, c’est mon coloc de gratuité, rien à voir avec Darkvador) pour qu’on fasse une série sur le monde de la boxe (parce que j’ai la naïveté de croire que nul n’y a pensé avant moi et que nul n’est capable de trouver un aussi bon angle narratif sur le sujet que moi)(la naïveté, c’est la force de penser le monde malgré les autres et malgré soi)(contrairement à l’idéalisme qui pense le monde malgré les autres mais pour soi).

Let me find a home and I'll be back.

Ironically, the “poisonous glorification of the adolescent in American popular culture” that so obsessed Norman Podhoretz in his essay didn’t lead to murder, as he feared and seemingly half-hoped, but to commerce. And in that sense both he and the Beats are losers.

it tells is really the story of our own need, the need of modern audiences, to find reality much more interesting than fiction.
http://www.nybooks.com/articles/archives/2013/mar/21/jack-kerouac-crossing-line/

mercredi 9 janvier 2013

For the record

"Occasionally the child, too, is a pleasure, though mostly she is a joy, which means in fact she gives us not much pleasure at all, but rather that strange admixture of terror, pain, and delight that I have come to recognize as joy, and now must find some way to live with daily. This is a new problem." Zadie Smith (source : http://www.nybooks.com/articles/archives/2013/jan/10/joy/)