mercredi 9 novembre 2011

Carottes, Fenouil et Morues

Il est certain que ne plus écrire depuis des lustres dans le blog cool révèle une indubitable cruauté de ma part. Et oui. Plus de blog cool et hop ! Evaporation du lecteur fictif. Et vu la fourmillière insatiable que vous étiez, je mérite au moins le tribunal de La Haye.



Que voulez-vous ? J'ai une vie trop remplie, je vous l'ai déjà dit. Je suis couchée à 20h30 tous les soirs, je n'ai même plus le temps de boire de la bière, c'est dire si je m'la donne. Ecoutez, c'est inutile de tirer la gueule, de toute façon, je ne marche pas au chantage existentiel. J'ai des projets, moi, de l'ambition à revendre. Je prévois d'être bilingue à la fin du mois, c'est dire, et ce n'est pas tout, il me faut faire un ouvrage digne de ce nom avec ce gros magma de potentiels que constitue mon fameux tapuscrit. Et oui. Y'a de quoi faire des choix draconiens (par exemple, ce midi, je renonce au pot au feu, je me fais des pâtes)(et demain matin il faut que je choisisse entre piscine ou serpillière)(comment voulez-vous que je trouve une minute pour venir divaguer ici ?).

Non, et puis bon, franchement, faites comme moi. Lisez des livres, y'a de quoi bien se bidonner, je vous assure, ça vous pète à la gueule au détour d'une page, c'est à vous rendre fou, il y a des fois où faut que je m'attache pour pas sortir dans la rue déclamer du Céline Minard afin que les gens se rendent compte enfin qu'attendre ce bus n'a rien de réel, en tout cas, pas plus que les lutins qui chassent les rats et la bécasse au bord du canal (c'est à deux pas de mon immeuble, je suis étonnée d'être la seule à m'en être rendue compte). D'après mon ostéo (j'ai fait l'acquisition d'une ostéo pas plus tard qu'hier), je suis fatiguée. A ces mots, le courant électrique s'est interrompu dans tout le quartier. Elle a fini de me malaxer dans le noir; über-cool. Je crois que les lutins champenois m'ont à la bonne.


Il me semble que c'est le bon moment pour enfin faire mon retour sur la rentrée littéraire 2011 (enfin, oui, je sais, vous l'attendiez comme le peuple lybien la chute de Mouamar)(je sors). Et bien figurez-vous que je suis contente. C'est ma première rentrée littéraire et je suis contente. Y'a plein de gonzesses qui déchirent grave, que je voudrai que ce soit mes copines, on pourrait trop se bidonner avec celles que j'ai déjà (j'ai rien contre les copains)(j'aime bien me bidonner avec mes copines, voilà tout)('n'avez qu'à aller écrire nos noms dans la neige pendant ce temps-là).
Alors, je vous dis comme ça, en vrac, ma dream team : Céline Minard (bon, ouais, c'est carrément la grande prêtresse, elle, c'est tout, c'est comme ça, elle est touchée par la grâce, qu'est ce que vous voulez que je vous dise, hein ? J'y peux rien, y'a rien à y faire, reste plus qu'à se rouler entre ses pages), Laura Kasishcke (tout, c'est de la balle, elle t'emmène n'importe où, t'as pas le temps de t'en rendre compte que tout à coup, tu te mets à tirer sur des lynxs et à brûler ton fauteuil Voltaire que ça te paraît normal, flippant), Véronique Bizot (Mon Couronnement, ça me fait trop bidonner, y'a un évêque surfer dedans mais surtout c'est l'histoire d'un vieil autiste, et moi, les vieux en pantoufle qui veulent plus parler à personne, ça m'euphorise)(mais elle, elle te fait bidonner avec un plat de lentilles, ou une visite à la ferme du coin, ou une séance à la piscine municipale, enfin bref, avec les trucs les moins bidonnants du monde, avec cette vie à la campagne qui pousse les jeunes filles à venir se prostituer sur les trottoirs de Los Angeles, c'est dire, si à la base, y'a pas de quoi se bidonner)(ben, elle le fait), Maylis de Kerangal qui est actuellement en train de m'apprendre à construire un pont, über cool.



Bon pis sinon, j'ai une vie, une vraie, on se fait des salons littéraires avec Gazoline, on échange nos recettes de chou, nos tisanes au fenouil, nos adresses de redressement musculaire pour triple mère de famille, bref, la grande vie, on réinvente le dandysme, rien que ça.
Faut dire que Gazoline, elle vit comme une Jillaroo, en plein Texas champenois, elle survit dans sa petite maison dans la colline, vivant des fruits de son potager, affrontant chaque jour que dieu fait, les cow-boys rustres de là-bas qui chassent le manouche et le renard en pick-up, grisés par l'argent d'un pétrole qui pétille au fond des coupes. Pô évident, mais on tient, surtout elle, dures sur l'homme mais correctes, à coeur vaillant rien d'impossible, j'dis pas que d'temps en temps, une ptite lampée de whisky ne nous maintient pas en vie. C'est qu'on a notre Ouest à conquérir, nous, madame, un destin couleur Pacifique qui nous tend les bras à l'autre bout du tunnel.