jeudi 8 novembre 2012

Ishmaël and Queequeg... Who's the top ? Who's the bottom ?

Une petite liste des lectures dans le désordre pour commencer :

1. L'alcool et la nostalgie, Mathias Enard, Babel Actes Sud, que je viens de finir, trop bien, depuis le temps que je rêvais de prendre le Transsibérien, voilà qui est fait. Et c'est tout de même fou parce que je viens d'entamer Corrections de Thomas Bernhard (adopte-moi!) et vous savez pas ce qu'il me dit Mathias (car comment ne pas croire qu'il s'adresse à moi et à moi seule)(je vous préviens, Mathias, parfois, c'est comme Thomas, ou Marcel P., il fait des longues phrases)(j'aime bien, ça fait comme dans la vie) : "Le café me remet dans les narines l'odeur de l'opium, j'ai une demi-tablette de Rohypnol dans ma valise, mais je les garde en cas de coup dur, maintenant je préfère me laisser aller à la drogue douce du souvenir, bercé par les errances de ce train qui danse comme un ours sur ses traverses, des arbres, des arbres de haute futaie, des arbres à abattre, hozfallen, hozfallen, comme criait ce personnage de Thomas Bernahrd dans son fauteuil à oreilles, en maugréant contre les acteurs et la bonne société de Vienne, jamais je n'écrirai comme ça, Vlado, tu sais, jamais jamais, cette langue inouïe, répétitive jusqu'à l'hypnose, méchante, incantatoire, d'une méchanceté, d'une méchanceté hallucinée, j'avais vingt ans quand j'ai lu ce livre, Vlad, vingt ans et j'ai été pris d'une énergie extraordinaire, d'une énergie fulgurante qui a explosé dans une étoile de tristesse, parce que j'ai su que je n'arriverais jamais à écrire comme cela, je n'étais pas assez fou, ou pas assez ivre, ou pas assez drogué ..."
2. Le livre de l'intranquillité, version intégrale, Fernando Pessoa, Christian Bourgeois, que je n'ai pas fini parce qu'il faut le lire quand on est comptable et écrivain pas quand on est prof et du coup plus écrivain parce que c'est pas compatible, alors lire ce livre, ça vous donne envie de pleurer dans le métro et en cours et tout le temps parce que vous vous demandez ce que vous faites là et c'est pas bon signe quand on se pose cette question alors qu'on ne devrait pas avoir le temps de se la poser à ce moment-là. Bref. ça va être dur de choisir une citation mais j'essaye... "La Décadence, c'est la perte totale de l'inconscience; car l'inconscience est le fondement de la vie. S'il pouvait penser, le coeur s'arrêterait". La première qui vient, c'était bien... Ah si, celle-là aussi : "Ce qui est maladif, c'est de désirer avec la même intensité le nécessaire et le désirable, et de souffrir de notre manque de perfection comme on souffrirait du manque de pain. Le mal romantique, le voilà : c'est vouloir la lune tout comme s'il existait un moyen de l'obtenir". Et puis l'amour aussi : "Quand on aime de nos jours, si l'on possède une stature morale et une envergure intellectuelle qui ne soit ni d'un pygmée, ni d'un rustre, c'est d'un amour de type romantique. [...] L'amour romantique, par conséquent, est un chemin menant à la déception, sauf lorsque la déception, acceptée dès le début, décide de changer constamment d'idéal et de tisser non moins constamment dans les ateliers de l'âme, de nouveaux costumes lui permettant de renouveler constamment l'aspect de la personne qui en est revêtu."  Ah ! Et puis celle-là aussi : "J'ai toujours évité, avec horreur, d'être compris. Etre compris c'est se prostituer. J'aime mieux être pris sérieusement pour ce que je ne suis pas, et être ignoré humainement, avec décence, avec naturel." Bon et puis Dieu, et puis après on arrête, on aura fait le tour : "L'homme parfait des païens était la perfection de l'homme tel qu'il est; l'homme parfait des chrétiens, la perfection de l'homme tel qu'il n'est pas; l'homme parfait des bouddhistes, la perfection d'un état où l'homme n'existe pas. La nature, c'est la différence entre l'âme et Dieu." Heureusement pour vous, j'en suis à peine au quart !
3. Moby Dick, Herman Melville, Folio poche, que je n'ai pas fini bien sûr, car je ne finis que rarement, c'est embêtant, je vous le concède, surtout pour moi. "... et te dire sans ménagement, les yeux pleins et les verres vides, envahi par une tristesse qui n'est pas sans attrait : "Renonce, sous-second ! car plus tu te donneras du mal pour séduire le monde, plus tu obligeras des ingrats ![...]"". Herman, c'est quand tu veux pour aller boire un verre ensemble. "Qui, dites-moi, n'est esclave ? Et alors le capitaine a beau me commander et même me rouer de coups. Je suis content de savoir que c'est "all right", que tout le monde d'une façon ou d'une autre en reçoit autant -au physique ou au métaphysique je veux dire- et comme ça l'universel coup de pied au cul fait le tour et tous les hommes se frottent mutuellement les fesses et sont contents." Herman, quand tu veux, pour mon zéro six. "En plus, continuais-je à raisonner, jeûner creuse le corps et toutes les pensées issues d'un jeûne doivent être des pensées de crève-la-faim, que c'était la raison pour laquelle la plupart des gens religieux ont mal à l'estomac et que c'est à cause de ça qu'ils nourrissent de si mélancoliques idées sur l'au-delà." Tu m'émoustilles, Herman, quand tu parles comme ça. "Car les petites constructions peuvent être achevées par les architectes qui les ont conçues; mais les grandes, les vraies, laissent toujours leur couronnement à la charge de la postérité. Dieu me garde de jamais compléter quelque chose à la mienne. Ce livre tout entier n'est qu'une esquisse. Même pas ! Rien que l'esquisse d'une esquisse. Oh Temps, Force, Argent et Patience !". Marry me, Herman, marry me, marry me.
4. Karoo, Steve Tesich, Monsieur Toussaint Louverture, que j'ai fini sans aucune retenue. Qui ne se cite pas vraiment mais qu'il faut lire ne serait-ce que pour sa description des conversations qu'on a en tête à tête au restaurant en ayant bu et où le but est de "prendre des nouvelles" ou de "faire connaissance", c'est brillant. Mais bon, si, quand même, justement, citation : "La vérité, me semble-t-il une fois encore, a perdu le pouvoir, du moins le pouvoir qu'elle avait, de décrire la condition humaine. Maintenant ce sont les mensonges que nous racontons qui, seuls, peuvent révéler qui nous sommes." Et puis ces métaphores, toutes simples, toute efficace, celles où on se dit, mais oui, mais c'est tellement ça : "Tel un gigantesque aquarium illuminé, la Sixième Avenue est pleine de taxis qui vont et viennent comme des bancs de poissons rouges."
5. De la boxe, Joyce Carol Oates que je n'ai pas pu finir parce que c'était un cadeau, que je vais racheter illico, parce que, j'en suis sûre, c'est LE livre de la boxe. Pour le punch, pour la douleur, pour la solitude, pour la survie, pour le pognon, pour la mort, pour la victoire... Pour la boxe.

Et pour finir sur une note musicale, Lady Gaga qui accouche.. Je ne vous en dis pas plus...


lundi 5 novembre 2012

Omaha Bitch

Regarder des photos du débarquement sur les plages de Normandie en écoutant Alan Vega. Et se dire qu'il y a moyen d'organiser un grand rassemblement vaudou là-bas. Bref, ça méritait un retour sous les feux de la rampe ennemie.







Il va donc falloir que je m'équipe en hérissons tchèques et en asperges de Rommel pour faire face aux assauts des esprits.

(Non, je ne deviens pas folle, c'est même plutôt l'inverse, ça va bien mieux quand je me documente pour raconter des histoires faramineuses)(I surrender, Child, it's a new world)