Et quand on me parle de mon beau sourire
Je pense que j’ai une tête de chien
Qui lèche le bout des doigts des gens
Pour récupérer le goût de leurs assiettes
Ils disent que l’amour ça se construit et qu’un maître ça se choisit
Que dans la vie il faut savoir ce qu’on veut et se donner les moyens
De remuer la queue
Toutes ces choses que je ne sais pas toutes ces choses qu’on nous apprend
A coup de tape sur le museau
Je n’y comprends pas grand-chose je sais juste que j’aimerai qu’on aime
Comme un bon chien
Je suis dans un arrêt de bus qui ne passe pas, je me dis qu’il faudrait que j’y aille à 4 pattes
Seulement je ne sais pas où va le bus et puis il pleut et j’ai pas de bonnet
Je veux rester peinard dans mon abribus le nez tendu sur les plans les numéros les horaires
Et tous ces schémas clairs qui vont tous quelque part
Je ferme les yeux et quand je les rouvre il y a des gens parfois qui s’assoient
On ne se parle pas il n’y a pas grand-chose à se dire dans un abribus
Je demande où vont les bus personne ne sait trop
On me répond des rêves vendus à la sauvette mais personne ne sait trop
Je crois bien que je vais rester dans mon abribus il fait un peu froid mais on y est bien
Et parfois je ferme les yeux.
Je rêve que les bus décollent s’envolent s’explosent s’étirent s’affolent
Une farandole qui nous fasse rire de peur comme les enfants qui se font courir après.
Parce que c’est drôle.
Il ne faut pas croire aux bus. Les bus sont des menteurs qui vous emmènent dans d’autres abribus. Ça ne sert à rien.
Rien ne ressemble plus à un abribus qu’un abribus.
Il faut juste frotter son museau sur le mollet du voisin pour se réchauffer et s’endormir sans y penser sous le banc de l’abribus
Ça ne sert à rien de savoir. Ça ne changera rien d’y croire.
Je dessine des routes dans la poussière qui tourne et qui s’enroule. Croire aux histoires ce n’est pas leur rendre service.
Et puis les gens meurent à force de croire. Il vaut mieux mourir d’abribus que de croyance. Les bus ne s’envolent pas mais les histoires, oui.
Dans mon abribus à moi, on y entre et on y sort comme dans un moulin. Ce n’est pas le mien mais je fais semblant pour amuser les gens.
Je leur lèche les doigts. J’aime bien les vieux doigts qui sentent l’ail et qui n’attrapent plus rien. Les doigts qui sentent l’ail n’ont rien à t’expliquer. Les doigts qui sentent l’ail sont le repos de mon museau.
Peut-être qu’un jour je serai un vieux chien sans poil à l’œil poisseux et qu’on me prendra alors sur des genoux, qu’on m’installera dans un bus et qu’alors comme les autres j’irai jusqu’au terminus.
Là où les poètes s’écrasent quand ils ont fini de dire
Là où les poètes s’encastrent dans la nuit de leur délire
Là où les fous ne savent plus quoi dire
Là où les chiens se tirent
Là où la laisse expire
Adieu les chiens dans l’abribus au moins on s’aimait bien
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