Dans le nouveau van de San Ku Kai, on est allé se rouler comme un ruisseau dans son lit dans les montagnes du Haut-Langudoc. Fion nous a rejoint et nous avons tenté de lâcher prise afin de nous connecter à la cosmogonie ambiante et de retrouver notre chemin sur la voie des résonances. Quelques bières, un feu de bois et une bonne assiette de lentilles plus tard, nous avons pris la route du retour, un peu plus près de nous-mêmes et des étoiles.
La campagne me fait de l'effet.
Depuis, je fais la cuisine, je fabrique des boissons du Caucase fermentées et je gère la vie avec sérénité. Comme dirait George Sand, mon organisation s'accorde avec cette nouvelle vie, où seule l'ardeur au travail bien fait et la constance de mes humeurs me permettront d'aboutir à une humeur propice aux rêveries et au développement de mes talents artistiques.
Amen. (George est quelqu'un d'important : elle a bu du champagne, accompagné de boeuf bouilli, de melon et de Balzac. En outre, c'est une chatte.)
Cependant, quand mes nerfs cessent de me jouer des tours et de m'entraîner vers la grâce divine et une vague béatitude chevrotante, je suis essentiellement ça :
Penser à faire le relevé de compteur de gaz - Envoyer mon CV à la dame de la machine à vocation - Danser avec les fous - finir la salle de bain - régler la coupure internet (je vous écris d'un café wi fi : touched for the very first time) - Chanter avec le Fion - acheter du sucre - Imprimer mon roman pour faire du Découpage - faire une liste de gens qui voudraient bien donner des sous à No Dogs - Trouver une idée pour Fabriquer un roman photo - Faire une salade avec le reste de chou rouge - reparler à San ku kai du Reportage Poétique en casse automobile - Organiser mes virées familiales (ou impact du rayonnement de l'Orchestre Symphonique) - racheter des boules Quiès - finir le précis de sémiotique pour pouvoir le ramener à la bibliothèque - travailler la version bilingue du Poney Rouge de Steinbeck (j'ai toujours adoré les histoires d'enfant avec des parents pas cools ou orphelins, et qui vivent avec des chevaux dans des ranchs. Toujours.) - Trouver un PMU pour tourner le clip de mon morceau de Funk Belge - nettoyer la cuisine - faire un double des clés de la boîte aux lettres - trouver un métier (ah oui, c'est vrai...) - faire des photocopies de l'avenant au bail pour avoir une assurance (j'habite dans un appartement plein de jeunes insouciants, ça consiste en un genre de métier d'animation socio-administrative) - Parler à des vieux.
Alors bon, penser en plus à écrire des articles de blog cools avec une mitraillette pareille dans la tête², franchement, vous me prenez pour qui ?
Heureusement, je ne suis pas mariée.
² Nonobstant le fait que dans le bar wi-fi, les gens parlent fort de commerce en Espagne, de raisons de retard, de clients (c'est fou le nombre de gens qui ont des clients, presque autant que des gens qui ont des chats dirait-on), de choix d'iPod et tout un tas de sujets qui me détournent si facilement de mes objectifs à caractère littéraire.
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