mardi 3 avril 2012

La peau du rôle.

L'autre jour, alors que je sirotais un café au soleil en étudiant le rôle des personnages dans les romans de Zola à travers l'analyse de la Bête Humaine (et dimanche, j'ai fait une phrase dans laquelle il y avait "démarche pédagogique" et "champagne-ardenne" et je peux vous dire que ces derniers temps, ma vie m'échappe), un poivrot du matin (les plus inspirés) expliquait à son congénère qui avait une tête à ne pas mettre sa photo de profil sur Meetic que pour draguer une femme, il fallait la faire boire et lui citer du Audiard. Ces derniers temps, dès qu'un homme dit 'femme', je me fous en rogne sur mes grands chevaux et ensuite, je cherche des arguments. Ce qui n'est pas une bonne méthode. Par exemple, là, je me suis souvenue du nombre de types qui m'avaient séduite en me faisant boire et en me citant du Audiard. Si on ajoute ceux qui m'ont tartinée de Milan Kundera... Gérard et Jean-Claude n'avaient pas tort. Que ça me plaise ou non.

Le problème n'est donc pas là (il faut un problème, sinon à quoi bon que je vous cause). Le problème est : combien de types j'ai déjà séduit en les faisant boire et leur citant du Antoine Blondin ? Combien ? Prou.

(Le rapport ? Un singe en hiver :

)

A ma décharge, je n'en suis présentement qu'à mes toutes premières 25 pages de Blondin. Pourtant, ça fait un sacré paquet de temps que je voulais me pencher sur la question. Au moins depuis ça :


Mon film préféré de tout l'univers. Forcément, il devait y avoir un lien.

A fond :

"Soldat inconnu, connais pas... Comme si vous me parliez peau rouge. Et encore, les Peaux Rouges, ils ont le bon esprit, quand c'est fini, d'enterrer la hache de guerre. Nous, c'est le guerrier qu'on enterre, mais le matériel, on le conserve..."

"Je ne sais pas ce que la vie va faire de nous et j'ignore ce qu'elle est, mais je puis vous affirmer qu'elle nous dispersera sur des sentiers étroits. La solitude nous pèsera. Sachons faire des haltes. Laissons vivre. Nous retrouverons dans les buissons des déserteurs légers comme nous..."

"En fin de compte, (...), avec toutes vos cochonneries, vous ne trompez personne. Là, comme ailleurs, le vocabulaire ne suffit pas. Il faut aller dans le pays pour prendre l'accent."

"Tu es le roi des ballots.
- C'est à considérer.
- Je te parle en toute franchise.
- Mais j'espère bien. C'est merveilleux, dit Muguet, comme les gens qui vous traitent de couillons croient toujours vous faire plaisir en ajoutant qu'ils sont sincères."
"Eh ! Les copains, on pourrait sortir un petit peu ?
- Jamais, répondirent les autres, qui s'efforçaient d'entraîner la serveuse dans une série de tableaux vivants destinés à célébrer la prise de la Bastille, vue par en dessous."

"L'important, au seuil de la vie, déclara Benjamin, c'est de se mettre dans la peau de son rôle."

Extraits de l'Europe Buissonière, d'Antoine Blondin.
J'ai pas fini de vous allumer fictivement en vous en parlant.
A l'instar d'Antoine, la réécriture des Ventres Vides est en train de dériver sérieusement vers l'écriture d'un Mental en Marshmallow, titre provisoire de l'histoire de Manu Merde, je le dis pour vous rassurer fictivement : je ne fais pas que de la démarche pédagogique en champagne-ardenne. Allez Luya.

Aucun commentaire: