Du monde antique et du monde futur, il ne restait que la beauté.
Et toi, pauvre petite sœur cadette
Celle qui court derrière les plus grands frères
Qui rit et pleure avec eux,
Pour les imiter, toi, la plus jeune des petites sœurs,
Tu portais ta beauté avec humilité
Et ton âme de fille de gens modestes
N’a jamais su qu’elle l’avait,
Sinon, cette beauté n’aurait pas existé.
Le monde te l’a enseigné.
Ainsi ta beauté devient la sienne.
Du monde antique effrayant et du monde futur effrayant
Il ne restait que la beauté.
Et toi, tu l’as portée comme un sourire obéissant.
L’obéissance exige trop de larmes ravalées, la générosité envers les autres, trop de regards joyeux qui demandent leur pitié !
Ainsi, tu as emporté ta beauté. Tu disparais comme une poussière d’or.
Du monde antique stupide et du monde futur féroce, il restait une beauté qui n’avait pas honte d’évoquer ses petits seins de petite sœur, un petit ventre si facilement dénudé.
C’est pourquoi la beauté était là, la même beauté qu’ont les douces jeunes filles de ton monde, les filles de commerçants, lauréates des concours de Miami ou de Londres.
Tu disparais comme une colombe d’or.
Le monde te l’a enseignée, et ainsi, ta beauté ne fut plus beauté. Mais tu continuais à être une enfant, sotte comme l’Antiquité, cruelle comme le futur, et entre toi et ta beauté possédée par le pouvoir s’infiltra toute la stupidité et la cruauté du présent.
Tu la portais toujours comme un sourire entre les larmes, impudique par passivité, indécente par obéissance.
Tu disparais comme une blanche colombe d’or.
Ta beauté survivante du monde antique, réclamée par le monde futur, possédée par le monde présent, devient un mal mortel.
A présent, les frères aînés, enfin, se retournent. Ils arrêtent un moment leurs jeux maudits, sortent de leur inexorable distraction et se demandent : « Est-il possible que Marylin, la petite Marylin, nous ait indiqué le chemin ? »
A présent, tu ne comptes plus, pauvre petite. Avec ton sourire, tu es la première à avoir traversé les portes du monde abandonné à son destin de mort.
La classe possédante de la beauté. Renforcée par l’usage de la beauté, elle atteint les confins extrêmes de la beauté, là où la beauté est seulement beauté.
La classe possédante de la richesse. Elle mêle une telle assurance à la richesse, que pour elle, nature et richesse se confondent. Elle est si perdue dans le monde de la richesse, que pour elle, histoire et richesse se confondent. Elle est si adoucie par la richesse, qu’elle attribue à Dieu l’idée de la richesse.
La classe de la beauté et de la richesse, un monde qui vous laisse dehors.
C’est la classe des châles noirs de laine, des tabliers noirs bon marché, des fichus qui enveloppent les visages blancs des sœurs, de l’attente chrétienne, des silences fraternels dans la boue et des sombres jours de pleurs.
La classe qui donne la plus haute valeur à ses pauvres mille lires, là-dessus fonde une vie à peine capable d’illuminer la fatalité de la mort.
Rêves de mort.
…
Lentes fatalités qui s’accomplissent loin du monde.
Nous n’avons jamais existé.
La réalité est cette forme aux sommets des cieux
…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire