mercredi 25 mai 2011

Je peux sentir la pluie quand il ne pleut pas et je peux aussi me donner un orgasme mentalement, dixit Lady Gaga

Je m'excuse mais privé de connection internet pendant une bonne heure, j'ai rédigé ce post sous word)(donc c'est très long et sans image) (mais c'est tellement bon que ça vaut le coup de s'accrocher, lecteurs fictifs, je voudrai enfin te voir suer sang et eau sur mon oeuvre naissante, merci)
Cette nuit, les animaux étaient de retour. Telle une Lady Gaga d’eau douce, je portais une robe en harengs saurs. J’en étais sûre. Je ne vois pas pourquoi j’aurai succombé avec autant de passion aux charmes de Pamela Anderson, Paris Hilton et Britney Spears (qui reste ma favorite) et pas à ceux de madame Gaga. Il n’y avait aucune raison de lui résister à part la suspicion, la défiance et l’érosion de l’enthousiasme qui caractérise tout être vieillissant. J’ai réalisé que le secret pour passer avec brio la ménopause consiste à vénérer Lady Gaga et toutes lesautres blondes vulgaires que la presse people voudra bien m’offrir en pâture. La blonde vulgaire aux gros seins est l’image la plus absolue du dieu moderne. Et j’ai toujours été un peu mystique.

Quitte à révolutionner l’analyse psychanalytique, je me propose aussi dans ce blog de réinventer la critique littéraire. Mes enfants (c’est un blog paternaliste cool), nous allons bien nous bidonner. On avait déjà un peu commencé, mais ce n’était qu’un échauffement.
Nous commencerons par décortiquer les « Maîtres Anciens » de Thomas Bernhard. Il faut toujours entamer ses travaux de recherche par des germaniques, ça donne une caution de crédibilité, surtout s'ils sont autrichiens (des sujets tels que le désespoir, l'ennui, la neige et l'inceste amènent toujours son lot de crédibilité).

En outre, j’ai décidé de me lancer dans la traduction des chansons de Bruce Sprinsteen. J’hésitais avec celles de Frank Zappa mais je sens que le désespoir, l'enbompoint et la bêtise de l’américain moyen de la campagne me touche plus. J’aime bien l’ennui glauque, ça me détend, Zappa m’a l’air trop gai. Mais on en reparlera plus tard.
Comme je vous le disais à l’instant, on va faire de la critique littéraire et on va donc bien se bidonner (critiquer = se foutre de la gueule du monde = drôle).

Thomas Bernhard, je voudrai passer une soirée avec lui à insulter tous les grands génies de ce monde en buvant du schnaps. Ou juste le retrouver tous les après-midi à l’Ambassador en sirotant ses invectives comme du thé Earl Grey de qualité. Si rien de tout cela n’est possible, je veux bien lire son livre en cornant toutes les pages où je me bidonne.

Alors, autant vous prévenir, il me plaît, on en déduira donc que c’est un râleur, un grognon, un bougon. Un excessif. Un énervant. Il faut bien aller trop loin pour savoir où exactement il aurait fallu s’arrêter. Les pas-contents sont les éclaireurs de la pensée. Sans compter que quand on gueule, on fulmine, on ne mesure plus rien, autant dire qu'on n'a matériellement pas le temps de se prendre au sérieux quand on décide de tout casser. Détrôner les rois, c’est quand même l’activité la plus ludique qui soit, c’est drôle, on ne sait pas trop à quoi ça sert, parce qu’il y aura toujours un cul pour se poser à nouveau sur le siège clignotant, mais au moins, pendant un temps, on a brisé la routine, on a imaginé autre chose, on a eu le sentiment que tout était possible, on s’est dit qu’on y serait pour quelque chose cette fois, c’est à cet instant uniquement qu’on a un peu de pouvoir. C’est pour ça que je vénère les râleurs, ils me font rire, ils me libèrent de tout et dans le cas de ce livre, par exemple, du poids du génie des autres, de l’admiration tétanisante, de l’obligation de vénérer. Je me fous pas mal de savoir s’il abuse en démontant Bach, Beethoven, Rembrandt, Heidegger, etc. comme il le fait, mais il le fait en me faisant rire et son acharnement à les démonter est drôlement libérateur.

Exercice : prenez un type, une nana, absolument reconnus et vénérés, même par vous, un grand génie, un sauveur de l’humanité et démontez-le sans scrupule. Vous pouvez acheter un pack de bières et travailler en groupe (ou exercice inverse : portez aux nues dans gens vulgaires, idiots et néfastes, des blondes vives comme des poupées gonflables par exemple…)
(Vous voyez bien que finalement, je m’y mets à préparer mon concours de prof de français)

Illustrations et conseils, from Tom Bébert et moi-même :

1- En parlant d’un compositeur : « Et en vérité, Bruckner, lui aussi, n’est que sentimental et kitsch, rien qu’un stupide, monumental bouchon de cérumen orchestral. » (inventez des insultes)
2- En parlant de Heidegger (un philosophe allemand qui a été accusé de nazisme et qui s’est tapé Hannah Arendt – à quand la presse people des intellectuels ?) : « Je le vois toujours assis sur le banc devant sa maison de la Forêt Noire, à côté de sa femme qui, dans son enthousiasme pervers pour le tricot, lui tricote sans arrêt des mi-bas d’hiver avec la laine, tondue par elle-même, de leurs propres moutons heideggeriens. » (imaginez des situations ridicules, n’hésitez pas à massacrer son entourage et sa vie personnelle)

3- Une tactique fourbe et efficace, en parlant de soi : »Il y a eu aussi parmi mes ancêtres, un archevêque et l’auteur d’un double meurtre. » […] « les gens déterrent leurs ancêtres et fouillent et fouillent dans leur tas d’ancêtres, jusqu’au moment où ils ont tout retourné et sont alors tout à fait mécontents et, par suite, doublement heurtés et désespérés. » (Donnez une image médiocre voire minable de vous-mêmes, plongez vous dans la populace, soyez les gens, n’ayez pas une haute image de vous-mêmes, soyez un peu désespérés, ça rendra votre entreprise de démolition beaucoup plus crédible, genre : je suis pas brillant, comme tout le monde, pauvre nature humaine, mais bon, ce type que vous trouvez tous si génial, n’est il pas aussi ridicule que nous autres, sans doute plus puisqu’il prétend néanmoins être génial, n’est ce pas grotesque ?)(Soyez grotesque)

4- J’aime bien ça aussi (parce que en plus de la haine, j’apprécie beaucoup le désespoir) : « Mais même cet homme malheureux peut être heureux, a-t-il dit, sans cesse à nouveau, au sens le plus vrai de ce terme et de cette notion, pour passer le temps. » (C’est pas merveilleux cette idée d’être heureux de temps en temps, pour passer le temps ? Franchement ? Il le met en italique en plus, vu que Tom, c’est aussi un frimeur, ça va avec tout le reste)(ce qu’il y a de cool avec les écrivains, c’est que tu peux adorer leur livre sans avoir à supporter leur caractère de merde au quotidien) (bien que soûls, ils doivent être bien drôles…) (pour Noël, je veux un écrivain aigri que je m’amuserais à faire picoler, pour passer le temps…).
Il continue ensuite comme ça : « L’enfance est le trou noir où on a été précipité par ses parents et d’où l’on doit sortir sans aucune aide. Mais la plupart des gens n’arrivent pas à sortir de ce trou qu’est l’enfance, toute leur vie ils sont dans ce trou et n’en sortent pas et sont amers. C’est pourquoi la plupart des gens sont amers, qui ne sortent pas du trou de leur enfance. C’est qu’il faut un effort surhumain pour sortir du trou de l’enfance. » (C’est cool aussi de broyer tout ce que les gens trouvent jolis en général : l’enfance, l’amour, l’amitié, la nature, la paix, la gentillesse, le bonheur, tout ça…) (en somme, ceci est un cours sur un livre de Tom Bébert ou comment tout saboter : Tom le terroriste littéraire autrichien, le Ben Laden de la bienséance, l’oncle trop soûl au mariage de la cousine Isabelle)

5- Reprenons : « Lisez Kant attentivement et de plus en plus attentivement et, tout à coup, vous aurez le fou rire, a-t-il dit. […] Naturellement, il y a des phénomènes dans le monde, dans la nature, que nous ne pouvons pas ridiculiser, mais en art, tout peut être ridiculisé, tout homme peut être ridiculisé et transformé en caricature, si nous le voulons, si nous en avons besoin, a-t-il dit. Une œuvre d’art, peu importe laquelle, peut être ridiculisée, a-t-il dit, elle se présente à vous dans sa grandeur, et d’un moment à l’autre, vous la sentez ridicule, tout comme un être humain, qu’il vous faut rendre ridicule parce que vous ne pouvez pas faire autrement. […] Mais la plupart des gens sont incapables de caricaturer, ils considèrent tout jusqu’au bout avec leur terrible sérieux. » (Avec leur terrible sérieux…)

7- Bon, après je m’emballe, je l’écoute avec les yeux embués d’admiration, je ne parviens et je n’essaye même plus de le trouver ridicule, je le deviens donc mais tant pis parce, honnêtement, c’est-y pas beau, ça ??? : « Vous avez la force de transformer le monde en caricature, la plus grande force de l’esprit, a-t-il dit, qu’il faut pour cela, cette seule force de survie, a-t-il dit. Nous ne maîtrisons que ce que nous trouvons finalement ridicule, c’est seulement lorsque nous trouvons le monde et la vie qu’on y mène ridicules que nous avançons, il n’y a pas d’autre, pas de meilleure méthode, a-t-il dit. » (moi, j’vote pour Bébert)

8- Joignons le geste à la parole : « Même Bach, ce gros puant, à l’orgue de Saint Thomas, n’a été qu’un personnage ridicule et profondément pénible, tout de même cela ne se discute pas. » (Le « tout de même cela ne se discute pas » est à réutiliser absolument, je le garde pour la prochaine fois où j’aurai l’occasion de parler de Mère Térésa, ce vieux tas de linge sale, aussi palpitante qu’une gentille limace, tout de même cela ne se discute pas)

9- Il faut aussi, très furtivement dans le discours, lâcher une phrase profondément humaniste, pour montrer qu’au fond si on est si méchant, c’est juste parce qu’on a l’amour d’autrui pudique : « Autant nous devrions aimer chacun en particulier, me dis je, autant nous détestons la masse. »
10- Ensuite, il y a tout un passage où, après avoir critiqué les grands maîtres en peinture, musique, philosophie et littérature, il critique, suite oblige, les chiottes autrichiens et plus particulièrement ceux de Vienne. Et, y’a pas, Tom, il me fait encore bidonner : « L’art ne connaît pas la pitié, me dis-je chaque fois que je rentre dans les cabinets du Musikverein, et j’y entre, a dit Reger ».
11- Et enfin (j’ai pas encore fini le livre mais je voulais en parler quand même, rien à foutre), la private joke entre écrivains que nous sommes, Bébert et moi... Il me pousse du coude, me fait un clin d’œil et me murmure à l’oreille alors que nous sommes en pleine conférence de presse suite à notre double nomination pour le prochain Festival de Cannes (ouais, on écrit des livres tellement cools, Thomas Bernhard et moi, que les gens font la queue pour les lire, 10 euros la séance) : « Il y a des dizaines d’années que vous écrivez votre ouvrage et vous dites que vous n’écrivez votre ouvrage que pour vous-même mais c’est épouvantable, personne n’écrit un écrit pour soi même, c’est un mensonge si quelqu’un dit qu’il n’écrit ses écrits que pour lui-même, mais vous savez aussi bien que moi que personne n’est plus menteur que les gens qui écrivent, le monde, depuis qu’il existe, ne connaît pas plus menteur que celui qui écrit, pas de plus vaniteux et pas de plus menteur, a dit Reger. » Ce que Tom essaye de me dire, c’est qu’entre gros cons, on se comprend.
Merci Tom.






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